Pater Josef Kentenich Portraits

Marge et Mike Fenelon, venus des Etats-Unis, se trouvaient début juin dans une salle archi-comble dans la Maison de la famille, Berg Nazareth, à Vallendar-Schoenstatt, pour évoquer des souvenirs de leur enfance concernant le Père Joseph Kentenich. Leurs parents faisaient partie du cercle des familles avec lequel le Père Kentenich « inventa » le sanctuaire domestique durant son exil aux Etats-Unis. Plus tard, il se montra convaincu que le sanctuaire domestique serait un jour l’une des contributions les plus importantes de Schoenstatt pour l’Eglise et pour le monde. L’initiative du sanctuaire domestique survint à peu près au moment où le Concile Vatican II parlait de la famille en employant les termes de « famille comme église domestique ».

« Nous n’avons jamais entendu un prêtre parler de cette façon sur le mariage et la famille ! »

Ses parents étaient tout sauf emballés, raconte Mike Fenelon, lorsqu’une sœur de Marie de Schoenstatt avait attiré l’attention du couple aux douze enfants sur le Père Kentenich. Celui-ci rencontrait des couples le lundi soir, pour réfléchir avec eux sur la façon dont la foi et la vie pouvaient s’unir, pour préciser des questions d’éducation, et pour voir comment parvenir à transmettre la foi aux générations suivantes dans les temps agités des années 1960. Son Père, d’après Mike Fenelon, était engagé dans la Légion de Marie et dans bien d’autres organismes, et avait ainsi plutôt négligé sa famille. « Si je devais choisir entre la Légion de Marie et Schoenstatt, je choisirais toujours la Légion », voilà ce qu’il déclarait, raconte Mike. Sept mois plus tard, ses parents sont entrés en contact avec le brave Père, car « nous n’avons jamais entendu un prêtre parler ainsi du mariage et de la famille ! »

Mon Père aussi, raconte Marge Fenelon, rentrait souvent du travail pour repartir aussitôt à son bénévolat. La fratrie de sept enfants le voyait à peine, et cela avait fait souvent pleurer sa mère. Ses parents aussi avaient été attirés aux entretiens du lundi soir avec le Père Kentenich, qui avait fait prendre conscience toujours davantage aux époux que « votre premier apostolat, celui que Dieu vous a donné, c’est votre mariage et votre famille ! ».

Donner une place à l’image de la Mère de Dieu et à la Croix à la maison

L’invitation du Père Kentenich à donner une place à l’image de la Mère de Dieu et à la Croix à la maison, au cœur de la vie de famille, dans la cuisine ou la salle de séjour, justement là où la vie se joue, c’était une aide, les couples l’ont vite remarqué. Se tourner souvent vers Dieu au cours de la journée, confier les soucis à la Mère de Dieu, conduire les enfants à Dieu tout naturellement, développer et fortifier à la fois la confiance, la gratitude et l’amour pour Dieu et pour la Mère de Dieu, c’était pour les familles une expérience libératrice. Bientôt, il fut aussi visible et perceptible que le sanctuaire domestique, ce lieu spirituel, naturel et surnaturel de la vie de famille unissait plus fortement les membres de la famille et les fortifiait.

Des coutumes pour garder la foi vivante

Les familles percevaient le Père Kentenich comme quelqu’un d’exceptionnellement paternel, qui s’intéressait à tous : Aussi bien aux poupées des plus jeunes qu’aux problèmes de foi des parents. C’est pourquoi le nom de « Père » s’imposa vite. « Il s’intéressait à notre vie, il était là pour nous et très amical pour nous les enfants », dit Mike Fenelon. Les réflexions communes aussi bien que la création et la pratique commune de rites donnait plus de sécurité aux familles sur leur chemin, unissait davantage les parents et les enfants entre eux et les uns aux autres. Le Père Kentenich les avait beaucoup encouragés à ce que chaque famille crée ses propres coutumes, et ainsi par exemple, dans leurs familles d’origine, des coutumes pour l’Avent et le Carême s’étaient développées, raconte le couple avec enthousiasme. Cela a rendu la vie de foi incomparablement plus vivante. Marge Fenelon aime penser encore aujourd’hui à la procession aux chandelles accompagnée de nombreux chants dans la maison de ses parents. Elle a oublié bien des choses du passé, « mais pas ça ! ». Et toutes ces coutumes et célébrations sont encore vivantes aujourd’hui dans leur propre famille.

Dans toute l’histoire du développement des « sanctuaires domestiques », les parents n’ont jamais eu l’impression que le Père Kentenich ait imposé quoi que ce soit. Bien plutôt, on pourrait dire qu’il a beaucoup observé, laissé libre, et attendu pour voir si les familles avaient saisi quelque chose, ce qu’elles avaient saisi, et ce qu’elles faisaient des diverses suggestions. C’est ainsi que le sanctuaire domestique est plus ou moins survenu comme une idée commune. On pourrait peut-être aussi déduire l’importance que le mariage et la famille avaient pour lui du fait que, la veille de son surprenant retour à Rome après 14 années d’exil aux Etats-Unis, il ait précisément rendu visite à une famille (Fenelon) pour y prier dans le sanctuaire domestique, le centre de la vie familiale – un lieu qui aide si magistralement à créer des lien et à établir des relations.

Un long souffle

Le sanctuaire domestique n’est pas la garantie d’une vie familiale insouciante ou de parcours sans problèmes pour les enfants, et c’est particulièrement perceptible dans les récits francs et si authentiques des Fenelon. Par exemple, le frère de Mike s’est drogué, il a rejeté toute la famille, il est allé en prison, il n’a répondu qu’avec répugnance à ses lettres, et avec le temps, il a rompu tout contact. Mais pourtant, Mike en est convaincu, le sanctuaire domestique a pourtant agi tout le temps. Ils ont continué à prier année après année, et cherché à garder contact. Après 20 ans ( !), son frère l’a appelé de prison. Il avait fait tant de mal, et il craignait la réaction de ses frères et sœurs et de sa mère. Lui, Mike, devait saluer de sa part leur mère et leurs frères et sœurs. « Non, il devait le faire lui-même, on ne pouvait pas le lui ôter », lui avait-il répondu. Finalement, le frère de Mike Fenelon l’a fait ; entre temps, il est sorti de prison, et s’est retrouvé dans la vie. « Le sanctuaire domestique, ça ne veut pas dire que nous vivons et planons tous au ciel. Mais nous recevons les grâces dont nous avons besoin ! », dit Mike Fenelon pour résumer cette expérience.

Messagers du sanctuaire domestique

Marge et Mike Fenelon apprécient beaucoup le fait d’avoir eux-mêmes connu « le Père » pendant sept ans, et perçu ainsi combien il a aidé leurs parents. Eux-mêmes personnellement, ils sont heureux d’avoir grandi avec le sanctuaire domestique, et d’avoir pu le transmettre dans leur famille commune à leurs deux enfants et maintenant déjà aussi également aux petits-enfants. « Nous devions percevoir le bien qu’il y a pour les familles à avoir un lieu dans la maison où on peut aller avec tout ce qui est beau, difficile, avec toute l’agitation et tout ce qui nous presse dans la vie, où on peut tout déposer, et on reçoit de la force et un courage renouvelé en vue des décisions à prendre. »

De telles déclarations nous font percevoir Marge et Mike Fenelon comme d’authentiques « messagers du sanctuaire domestique ». Et c’est ainsi qu’ils se perçoivent eux-mêmes. Ils voudraient faire connaître et ouvrir aux familles du monde entier cette source de force. C’est à cela que servait cette soirée, ainsi que tous leurs voyages dans d’autres pays, où ils parlent du sanctuaire domestique aux familles intéressées. Il y aura probablement une rencontre du même genre l’an prochain à la maison de la famille.

Source: Cbre /  www.schoenstatt.de